Au premier contact avec une de ses œuvres, vous êtes obnubilés par son univers. Talentueux, minutieux, avec un style et une technique agréable, l’artiste peintre ivoirien, Aboua Kouakou n’est plus réellement à présenter, mais nous avons décidé de mettre les projecteurs sur ce maitre qui inspire la nouvelle génération. Sa spécialité la gravure, il en est un virtuose. Cet artiste peintre a plusieurs cordes à son arc. Aboua Kouakou est également écrivain. Lors de la foire internationale Abidjan ART FAIR 2024 du 19 au 21 décembre dernier au Palais de Culture d’Abidjan Treichville, Aboua Kouakou a mis tout le monde dans sa poche au vu de la qualité et la diversité de ses œuvres.

Parcours d’un homme brillant

C’est à Kirifi dans la sous-préfecture d’Abengourou, que vit le jour le petit Aboua Kouakou le 20 mars 1965. En réalité, l’art lui est tombe dessus par accident, car le jeune homme a l’époque avait entame de brillantes études avec un avenir tout tracé. Titulaire d’un baccalauréat G2, il obtient ensuite un diplôme national des beaux-arts spécialité gravure, une licence en arts plastiques, une maîtrise en arts plastiques, une licence de socio anthropologie et un master 2 de la chaire UNESCO pour la culture de la paix spécialité développement durable. Seulement voilà le virus de l’art l’a contamine et il s’est tourne essentiellement vers la peinture et la littérature, car Aboua Kouakou a plusieurs livres à son actif. Aujourd’hui avec des dizaines d’années d’expérience, l’artiste se positionne incontestablement comme l’un des derniers gardiens de cette chambre qui garde secrètement les techniques cachées de la gravure.

« Je suis venu à l’art un peu par accident car en fait je voulais faire le droit après mon baccalauréat G2 mais mon baccalauréat G2 n’avait pas marché deux fois successivement, j’ai décidé d’aller passer le concours d’entrée aux beaux-arts d’Abidjan. Il faut dire que j’avais l’art à l’état latent dans mon patrimoine génétique. Ma première année aux beaux-arts, je l’ai passé avec succès couronne du baccalauréat. Seulement je commence à m’établir aux beaux-arts influencé par des référents tels que les peintres Samir Zarour, James Houra, Monne Bou… En optant pour la gravure, j’ai été influencé par mon maître le graveur et poète Anouma Joseph. Ensuite, j’ai fait le constat que cette forme d’expression artistique n’etait pas  vulgarisé en Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier. Mon combat sera donc de contribuer à faire sortir la gravure de l’ombre. Je m’inspire d’une part de l’art sénoufo et d’autre part des poids à peser l’or des Akans », noua a confié Aboua Kouakou.

La gravure « son arme »

Cet artiste est un adepte de la gravure. Il a opté pour cette technique dès ses premiers pas entant que peintre professionnel. Spécialisé dans la gravure d’épargne, Aboua Kouakou exprime son talent avec brio sur ses toiles. Son univers est envoutant. Ses œuvres dégagent une fraicheur qui stimule un bien-être systématique et un contraste de chaud et de froid à certains moments. Sa technique ne laisse personne indifférent car il reste maître de son art. Aboua Kouakou ne compte pas s’arrêter là. Il veut transmettre son savoir au plus jeunes raison pour laquelle il a mis sur pied un atelier de gravure dans la commune de Cocody. L’artiste garde aussi l’espoir de faire une exposition de grande envergure en Côte d’Ivoire et bien sûr attaquer le marché international.

« La gravure a trois procédés fondamentaux que sont la gravure d’épargne, la gravure en creux et la lithographie et chaque procédé se ramifie en une multitude de techniques. La gravure est un mode de création artistique d’origine occidentale mais j’ai puisé dans la tradition et culturel africaine pour créer car au rendez-vous du donner et du recevoir si cher à Amadou Hampathe Ba et Léopold Cedar Senghor, les Africains doivent apporter ce qu’ils ont de plus cher, leur culture. Cela renvoie aussi au but de l’anthropologie, rechercher l’unité dans la diversité. Je compte continuer à créer beaucoup de gravure et raison pour laquelle j’ai mis sur pied un atelier de gravure situé à Angré Djorogobité, dans le but de transmettre mon savoir en gravure aux étudiants. Je souhaite surtout dispenser des cours d’Arts plastiques », a déclaré l’artiste peintre.

Pour finir, Aboua Kouakou a tenu à livrer le fond de sa pensée concernant l’avenir de l’art en Côte d’Ivoire. Selon lui, l’avenir de l’art sera  enchanteur dans 5 ans voire 10 ans si les foires d’exposition d’art se multiplient dans le pays. Il a joute ensuite que les foires artistiques constituent une occasion propice pour former et éduquer les jeunes artistes.

 

Christian Boli