L’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma est une figure emblématique de la littérature africaine. Aujourd’hui 24 novembre 2025, c’est l’occasion idéale pour parler de lui : il est né un 24 novembre 1927. Hyacinthe Menan, écrivain et publicitaire ivoirien de talent, auteur de Nouchipedia, n’a pas voulu rester en marge de cet évènement. Il a rendu un vibrant hommage à Ahmadou Kourouma. La rédaction d’africanartists.ci vous partage l’intégralité de ce vibrant hommage.

Il ne faut plus faire l’erreur de réduire le français parlé en Côte d’Ivoire au nouchi. Aujourd’hui, le français-ivoirien est une langue à part entière, parlée par plus de 70% de la population. C’est le symbole de notre héritage et de notre appartenance à la nation ivoirienne.

Né le 24 novembre 1927, Ahmadou Kourouma fait partie de ces intellectuels qui ont façonné le français-ivoirien. Comme un chirurgien, dans ses œuvres, il a désossé le français pour y loger l’âme africaine.

Son génie ? Avoir refusé de plier sa culture aux règles de la langue coloniale. Résultat ? Une moisson de prix prestigieux : Prix Renaudot, Goncourt des lycéens, Jean-Giono, Livre Inter…

Jusqu’à inspirer la création du Prix Ahmadou-Kourouma en Suisse. Pour tous ces mérites, je vous prie de vous joindre à moi pour lui rendre ce vibrant hommage.

Mais Kourouma n’était pas seul. Il portait avec lui toute une génération de bâtisseurs visibles et invisibles de notre patrimoine immatériel :

Ce sont :

– Bernard B. Dadié, le pionnier qui planta les premiers mots ivoiriens en littérature française ;

– Germain Kadi & Guebo, qui ont osé coucher ses mots qui nous ressemblent dans des dictionnaires ivoiriens ;

– Les linguistes comme Jérémie Kouadio, qui ont étudié, documenté, légitimé le français parlé en Côte d’Ivoire ;

– Zohoré Lassane, qui osa l’institutionnaliser dans la presse écrite avec Gbich! ;

– Akissi Delta, qui fit de Ma Famille un vrai dictionnaire vidéo et le cinéaste Henri Duparc qui définit les codes de l’humour ivoirien ;

– Magic System, qui fit danser la planète en français-ivoirien ;

– Ces anonymes qui ont créé le “noussi”, base du français ivoirien actuel.

Et surtout… VOUS.

Vous qui continuez de parler, inventer, enrichir, partager, vibrer en français-ivoirien. Vous qui l’utilisez au bureau, à la maison, à l’école, sur les réseaux, dans les diasporas…

Vous êtes les gardiens vivants de cette langue fascinante, langue de création, langue d’avenir en perpétuelle mouvement.

Aujourd’hui 24 novembre, je profite de l’occasion pour faire la demande officielle, en tant qu’écrivain et citoyen ivoirien, de faire reconnaître officiellement cette richesse linguistique, l’enseigner, la partager, la protéger, la célébrer à sa juste valeur.

Kourouma nous a ouvert la voie.

À nous d’en faire un boulevard incontournable.

« Les Africains, ayant adopté le français, doivent maintenant l’adapter et le changer pour s’y retrouver à l’aise. Ils y introduisent des mots, des expressions, une syntaxe, un rythme nouveau. Quand on a des habits, on essaie toujours à les coudre pour qu’ils nous moulent bien et c’est ce que vont faire et font déjà les Africains du français. » Ahmadou Kouroua (dans Nzessé, 2010, p.252).

J’aime le français parlé en Côte d’Ivoire. Si toi aussi ça t’enjaille : like et partage cet hommage !

Hyacinthe MENAN, écrivain, auteur de Nouchipedia.