Né le 3 novembre 1945 à Bingerville, Jacques Samir Stenka a endeuillé le monde de l’art en Côte d’Ivoire et ailleurs. Cette figure emblématique de la peinture en terre d’Eburnie a définitivement posé le pinceau le 24 novembre 2024 à Abidjan. Sans aucun doutes, Jacques Samir Stenka a marqué particulièrement et profondément le paysage artistique ivoirien et africain. Son décès survient sept jours après celui de l’artiste-peintre Monné Bou et six jours après la mort de l’artiste-plasticien Djiré Mahé. Jacques Samir Stenka était un artiste hors pair, il personnifiait le don de soi à sa pratique artistique.

Une jeunesse marquée par l’art

Dès son enfance, passée en partie à l’orphelinat de Bingerville, Jacques Samir Stenka manifeste un talent précoce pour le dessin et la peinture. Cette expérience marquante influencera profondément son expression artistique, notamment à travers des thèmes récurrents tels que l’enfance, la solitude et la résilience.

Une formation solide et un talent reconnu 

Après avoir obtenu son diplôme supérieur des arts plastiques à l’École des Beaux-Arts de Paris, Jacques Samir Stenka revient en Côte d’Ivoire où il entame une carrière prolifique. Son style unique, mêlant influences africaines et occidentales, lui vaut rapidement une reconnaissance nationale et internationale.

Un artiste prolifique et engagé

Thèmes variés : son œuvre aborde une multitude de sujets : portraits, paysages, scènes de la vie quotidienne, mais aussi des thèmes plus abstraits et philosophiques.

Techniques maîtrisées : Stenka avait la maîtrise une grande variété de techniques, de la peinture à l’huile à l’acrylique, en passant par le dessin et la sculpture.

Engagement social : au-delà de l’esthétique, l’œuvre du maître Stenka est profondément ancrée dans la réalité sociale et politique de son pays. Il utilise l’art comme un moyen d’expression et de dénonciation.

Un héritage Indélébile 

Le décès de Jacques Samir Stenka est une grande perte pour le monde de l’art ivoirien et africain. Son œuvre, riche et variée, continue d’inspirer de nombreuses générations d’artistes. Il laisse derrière lui un héritage inestimable et restera à jamais une figure de proue de la peinture ivoirienne.

« Ma carrière connaît jusqu’à ce jour trois périodes : d’abord de 1983 à 1984, la période insecte. Graphiste scientifique en biologie, j’ai été influencé par la forme des insectes. Puis de 1984 à 1990, ma manière de peindre a évolué, passant des insectes aux hommes-insectes. Le caractère étrange de ces hommes donnait l’impression que j’avais affaire à des visiteurs étrangers à notre monde. Enfin de 1990 à 1994, quittant le monde des hommes-insectes, j’ai retrouvé le monde des hommes à proprement dit. Et, en m’appuyant sur mon subconscient, je me suis retrouvé au cœur du monde Akan. Mon travail actuel s’articule autour de cette idée et de la préoccupation que j’ai de retrouver cette grande civilisation disparue. Mes œuvres sont les jalons de cette quête initiatique autour de vestiges destinés à reconstituer le passé de mes ancêtres », avait-il confié.

En réalité, Jacques Samir Stenka était un artiste complet. Il alliait peinture, sculpture, dessin en explorant toutes les facettes de l’expression artistique. Il avait une influence majeure pour avoir largement contribué à l’essor et surtout à faire connaitre l’art ivoirien à l’international. Son art reste un miroir de la société ivoirienne, témoignant ainsi de son engagement social.

Il est très important de rappeler que Jacques Samir Stenka part en laissant derrière lui un héritage artistique inestimable qui continuera d’être étudié et apprécié par les générations futures.

 

Christian Boli